FAQ sur le “Manifeste contre le viol”

Quel est l’objectif de ce manifeste ?

Le premier objectif est de libérer la parole des femmes victimes de viol et d’agressions sexuelles, pour qu’elles ne se sentent plus coupables ou honteuses, ni obligées de taire ce qu’elles ont subi.
Le deuxième objectif est de faire prendre conscience de l’ampleur du phénomène, pour que la société s’en saisisse comme d’un problème qui concerne tout le monde. En même temps, cela permet aux femmes violées de se sentir moins isolées.
Le troisième objectif est de faire prendre conscience que ces faits n’ont rien de « naturel » : ils découlent de la domination des hommes sur les femmes – qui est un choix de société –, ils peuvent donc changer.
Le dernier objectif, par le biais de la pétition, est de réclamer la mise en place de mesures permettant de faire reculer ces pratiques criminelles, notamment par l’éducation systématique à la sexualité et aux rapports entre filles et garçons, dès le plus jeune âge.

Pourquoi la campagne parle-t-elle à la fois des viols, des tentatives de viols et des agressions sexuelles ? N’est-ce pas très différent ?
La loi définit ainsi le viol : « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise, est un viol. » C’est un crime.
Cette définition est assez restrictive, puisqu’elle limite le viol à la pénétration. Elle est liée à une vision de la sexualité centrée sur le pénis : dans les représentations courantes, un rapport sexuel passe nécessairement par la pénétration.
Par exemple, un clitoris n’est pas un orifice, donc un violeur qui lèche de force le clitoris d’une femme (ou le pénis d’un homme) ne commet pas de viol au sens légal, alors que cet acte aussi peut être traumatisant. Même chose pour un violeur qui force une femme à lui caresser le sexe. Toutes ces agressions sexuelles devraient être reconnues comme des viols.

Les viols et les tentatives de viol sont-ils punis différemment par la loi ?
Les tentatives de viol sont des agressions sexuelles, donc des délits, pas des crimes.
Cependant, une grande part des viols sont « requalifiés » en agressions sexuelles, car certains magistrats ou avocats savent que l’affaire sera plus rapidement traitée devant un tribunal correctionnel que devant une cour d’assises. Les peines encourues sont alors beaucoup plus faibles, mais les condamnations sont plus fréquentes.
Voir nos revendications

Ces chiffres ne sont-ils pas surestimés ?
Non, ils sont sous-estimés.
D’abord, pour les viols (75 000) : l’enquête de l’Insee dont sont tirés ces chiffres ne tient pas compte des viols sur mineur-e-s, faute d’une enquête spécifique. Mais l’on estime que plus de la moitié des viols subis dans une vie le sont pendant l’enfance.
Ensuite, pour les viols, tentatives de viol et attouchements (198 000) : les chiffres ne concernent que les 18-59 ans, alors que des femmes de tous âges sont victimes de viol et d’agressions sexuelles.
Pour avoir des chiffres plus exacts, il faudrait étudier les viols et les agressions sexuelles subis par les filles et les femmes de la naissance à la mort.

Existe-t-il des hommes victimes de viol ?
Les victimes de viol sont des femmes dans 9 cas sur 10.
La plupart des hommes violés le sont pendant leur enfance : il s’agit bien de domination patriarcale, c’est-à-dire d’un système de domination des hommes sur les femmes et sur les enfants, notamment dans la famille. Certains hommes sont violés en prison ou à l’armée, et ce crime peut être perpétré pour les inférioriser, pour qu’ils soient « comme des femmes », ce qui est une insulte dans ces environnements où la virilité est considérée comme une valeur en soi.

Pourquoi les signataires ne sont-elles que des femmes ?
Parce que nous dénonçons le viol comme une arme de domination sexiste, comme un fait de société qui à la fois sous-tend et découle de la domination masculine sur les femmes. C’est un état de fait culturel, construit, historique.
Que les victimes soient des hommes ou des femmes, les violeurs sont des hommes dans 96 % des cas.

Est-ce que cette campagne ne risque pas de « victimiser » les femmes, une fois de plus ?
Le mot « victime » n’est pas une insulte, en tout cas il ne devrait pas l’être. Il caractérise l’état d’une personne dans une situation précise, à un moment donné ; ce n’est pas une identité. Se revendiquer comme victime dans une action militante, c’est faire reconnaître les torts qu’on a subis. Mais on ne reste pas une victime toute sa vie. Être reconnue comme victime par la société permet justement de passer à autre chose.
La honte doit changer de camp : ce ne sont pas les victimes qu’il faut stigmatiser, ce sont les violeurs.

Comment puis-je agir ?
D’abord, en écoutant les femmes victimes de viol, en réaffirmant que ce qu’elles ont subi est un crime et qu’elles n’y sont pour rien. En les soutenant si elles portent plainte, en les accompagnant dans leurs démarches si besoin, en en parlant avec elles.
(Viols Femmes informations : 0 800 05 95 95)

Ensuite, en brisant le silence autour de ce problème de société, en signant la pétition en ligne et en la faisant signer autour de vous.
Enfin, en militant dans une association féministe, pendant cette campagne et après. Il existe de nombreuses associations féministes, mixtes ou non, correspondant aux sensibilités de chacun-e.
Les associations organisatrices de cette campagne sont le Collectif féministe contre le viol, Mix-Cité et Osez le féminisme.